Bordeaux et UNESCO
Le patrimoine architectural de Bordeaux est particulièrement riche, ce qui lui a valu d'être consacré par l'UNESCO en juin dernier. Cette distinction ne doit pas faire oublier que Bordeaux est une ville dynamique et active et le classement à l'UNESCO ne peut être le début de la chronique d'une muséification annoncée. En réalité, cette dérive semble avoir été conjurée par l'organisation internationale, laquelle ne s'est pas limitée à classer la ville des Intendants mais qui a également inscrit au patrimoine mondial de l'Humanité des éléments traduisant les ambitions des "maires-bâtisseurs".
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La classification de tout le centre bordelais, de la Garonne aux Boulevards, montre que l'UNESCO n'ignore pas l'architecture contemporaine et qu'elle ne s'enferme pas dans une contemplation béate du passé. Cette volonté de l'UNESCO transpirait déjà dans le classement du Havre de Perret. En outre, l'UNESCO n'a pas réduit Bordeaux à ses seules façades XVIIIème, regard bien trop simpliste sur le patrimoine bordelais. Bordeaux est donc considérée comme un ensemble exceptionnel, au sein duquel Mériadeck et le Grand-Parc. Ni Mériadeck ni le Grand-Parc ne sauraient retrancher à la qualité architecturale de Bordeaux. C'est, par conséquent, le signe que l'architecture contemporaine et notamment l'urbanisme vertical peuvent trouver leur place dans notre ville. D'ailleurs, malgré de multiples démarches visant à le déstabiliser, le projet de pont levant au droit de la rue Lucien Faure, à la silhouette élancée (84m de haut, en plein coeur du secteur considéré par l'UNESCO), n'a jamais constitué un frein à la candidature bordelaise en vue d'intégrer le patrimoine mondial de l'Humanité, et l'on sait désormais que ce ne fut pas plus un frein à l'inscription (or l'UNESCO n'a pu qu'agir en connaissance de cause du fait, notamment, de la lettre envoyée à l'UNESCO par les opposants au projet).
Thomas Lavigne et Christophe Cheron - Architectes
Un centre d'affaires de dimension européenne pourrait tout à fait être construit à Belcier, dans un secteur non inscrit au patrimoine mondial de l'Humanité, sans s'attirer les foudres de l'organisation onusienne. L'exemple le plus révélateur est certainement celui de Mériadeck, classé au même titre que le Palais Gabriel. D'ailleurs, on peut y voir les mêmes bus jaunes et rouges que l'ont voit également sur les quais de la Garonne. D'autres exemples pourraient appuyer nos propos : la Cité administrative, sur les Boulevards ; la future tour Jean Nouvel de 120m de haut au Havre ; les tours de Dominique Perrault à Vienne, à proximité immédiate du coeur historique classé au patrimoine de l'UNESCO.
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En somme, la distinction dont a récemment bénéficié Bordeaux ne pourra de bonne foi être opposée à un urbanisme vertical, déjà validé par l'UNESCO tant dans le dossier bordelais que dans d'autres dossiers. Un centre d'affaires haut et ambitieux, bref à l'image et à l'échelle de la ville, ne dénaturera en rien le patrimoine exceptionnel de Bordeaux. Ce sera peut-être même le billet d'entrée de Belcier au patrimoine mondial de l'Humanité.