Bordeaux ou le mythe de la ville basse

Publié le par MB et Baobald

Souvent, nous entendons parler de Bordeaux comme d'une ville basse. Cette vision de la ville semble même parfois faire la fierté de certains de nos élus, comme le laisse supposer la réponse de M. Juppé à une question posée par un internaute à l'occasion d'un clavardage1. Alors Bordeaux est-elle rééllement une ville basse ? Il est vrai qu'un type d'habitat assez caractéristique du Sud-Ouest s'est développé à Bordeaux, comme à Toulouse, au XIXème siècle. Il s'agit évidemment des "échoppes" à Bordeaux et des "toulousaines" de la Ville rose. 

Cependant, Bordeaux ne peut se réduire à un tissu d'échoppes et Bordeaux possède de nombreux points de repère qui marquent l'horizon, ce qui donne à penser que l'idée de Bordeaux, ville basse, n'est qu'un mythe. Ainsi Bordeaux bénéficie-t-elle d'une densité relativement élevée, ce que l'on ne doit ni à des ensembles d'échoppes tels que Nansouty, ni à de "grands ensembles" tels que le Grand-Parc. Cette densité, Bordeaux la doit surtout à l'ambition des Intendants qui ont donné à Bordeaux les allures d'une capitale, que Victor Hugo décrira comme un mélange unique de Versailles et de Anvers.

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Cours du XXX juillet

Il est déjà intéressant de remarquer que le symbolisme de la construction en hauteur que nous recherchons, comme marqueur d’une reconnaissance propice à inscrire Bordeaux dans une véritable envergure européenne, rappelle les velléités passées qui ont amené à la construction d’édifices en hauteur, et qui font aujourd’hui totalement partie du patrimoine bordelais2. A Bordeaux comme dans d'autres villes, la hauteur a pu symboliser la puissance, l'autorité, la grandeur et la richesse. Autant de termes qui ont été les vecteurs de l'Histoire de Bordeaux. Capitale religieuse, les papes ont assis leur autorité caractérisée par la majestueuse cathédrale Saint-André dont les deux clochers marquent l'horizon de Bordeaux, du haut de leurs 80 mètres. La tour Pey-Berland de plus de 60 mètres jouxte également l'ensemble religieux. Autres repères urbains que nous a légués la religion, il s'agit de la basilique Saint-Michel et de sa flèche qui domine le Port de la Lune avec ses 114m de hauteur.

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Flèche Saint-Michel et Cathédrale Saint-André

Capitale de Guyenne, l'Histoire a fait de Bordeaux la métropole régionale que nous connaissons aujourd'hui. Beaucoup de monuments ont essayé de retranscrire cette dimension, c'est le cas de la Grosse Cloche ancien beffroi de l'ancien Hôtel-de-Ville. Mais c'est aussi l'intention de projets tels que le quartier Mériadeck (culminant à 72 mètres avec la tour de la Communauté Urbaine de Bordeaux) et de la Cité administrative (avec ses deux tours de 92 et 75m).

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Mériadeck et la Cité administrative

En outre et pour gérer la demande croissante de logements, la hauteur a parfois été la règle avec la construction de tour d’habitations. A ce titre, ces immeubles de grande hauteur ne peuvent être ignorés pour faire valoir le mythe de la ville basse. Il en va ainsi du quartier du Grand-Parc (66 et 60 m pour les tours les plus hautes), ou encore des Aubiers (6 tours approchant les 50 m). Même constat pour le quartier Saint-Jean/Belcier et les tours d’habitation (telle le Saint Jean ou le 54-56 rue Eugene Le Roy) riveraines de la Gare Saint-Jean, dont la structure de la marquise atteint les 50m. Il est à noter que cette liste des IGH d’habitation est loin d’être exhaustive3

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Saint-Jean / Belcier

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Régie Gaz de Bordeaux et Bordeaux-Nord

Enfin, et dans ce recensement des marqueurs en hauteur bordelais, il est impossible de ne pas inclure le futur pont Bacalan-Bastide, dont le projet de construction a été approuvé par la CUB le 21 septembre dernier. Ce pont est constitué de quatre piliers de 87 m chacun, en plein centre-ville ce qui va impliquer un changement notable dans la physionomie de la ville et dans l’appréciation de sa ligne d'horizon. Il est même plaisant de croire que ce nouvel aménagement amènera les bordelais à changer d’avis sur les constructions en hauteur, pour peu que ces constructions présentent un intérêt architectural fort, à l'image du pont Bacalan-Bastide. 

C’est pourquoi il nous paraît bien illusoire de considérer Bordeaux comme une ville basse, ce qui serait d’ailleurs insolite pour une agglomération de 660 000 habitants (en 1999). Ainsi un tel argument n’est pas opposable à la construction de nouveaux marqueurs urbains, comme un quartier Saint-Jean / Belcier fort d’une ou deux tours dépassant les 100 mètres. 


1Clavardage du 8 juin 2007

2: Il est intéressant de rappeler que certains IGH, parmi lesquels ceux du Grand Parc ou de Mériadeck, sont au coeur du périmètre classé au Patrimoine mondial de l'Humanité de l’UNESCO.
3: Recensement effectué sur un
forum internet 
 

Publié dans Urbanisme vertical

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C
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J
Même si les immeubles de hauteur existent, et vous en donnez de nombreux exemples, il reste indéniable que Bordeaux (et toute l'agglomération) donne un impression d'horizontalité lorsqu'on la découvre. Cette impression est encore plus forte lorsque la première vue que l'on a de la ville se fait depuis le pont d'Aquitaine. D'autant qu'un des plus beaux immeubles en la matière, la Cité Lumineuse qui se trouvait au pied du pont d'Aquitaine a été détruit il y a une dizaine d'années pour être remplacé par des maisons basses sans cachet : l'équipe municipale a ce goût de l'horizontalité...
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